J’aime à
lire comme une poule boit,
en relevant fréquemment la tête, pour faire couler.
Jules Renard – Journal (4 février 1894)
J’aime à
lire comme une poule boit,
en relevant fréquemment la tête, pour faire couler.
Jules Renard – Journal (4 février 1894)
Lorsque Gutenberg inventa l’imprimerie se doutait-il qu’en moyenne, ici et maintenant, plus de 430 millions d’exemplaires seraient vendus par an (toutes éditions confondues) et que deux entreprises, « groupes » devrais-je écrire, Hachette livres et Editis, réaliseraient 50% du Chiffre d’Affaire du secteur de l’édition et 75% du secteur de la distribution du livre ?
Qu’aurait-il dit de l’industrialisation du commerce du livre, débutée à la fin du XIXème siècle et qui se poursuit encore avec les regroupements actuels, où l’auteur disparait progressivement au profit du « rédacteur » ?
Lui qui mourut pauvre, ruiné même tant son invention était en avance sur son temps, qu’aurait-il pensé des 82 313 titres publiés en 2018 ?
Et qu’aurait dit Diderot, lui qui défendait les libraires-éditeurs et le droit des auteurs (bien sûr), en apprenant que les livres se vendraient pour les deux-tiers hors les librairies ? Que ce « bien culturel » ne serait pas jugé comme « essentiel » et qu’il faudrait fermer les librairies indépendantes pour que les grandes surfaces, au sens large du terme, puissent consolider leurs Comptes de Résultats et verser des dividendes toujours à la hausse à leurs actionnaires ?
Dans ce monde-là, à quoi sert une nouvelle maison d’édition ?
À rien. Justement. À rien.
« De l’inutilité des choses » serait le livre que nous souhaiterions publier aujourd’hui. Il reste cependant à l’écrire.
Plus sérieusement, le livre (papier s’entend, car il n’y a pas de livre sans arbre, sans encre, végétal, minéral et animal mêlés, tout autre support n’est pas « livre » même s’il propose du texte, là encore au sens large du terme) le livre, disais-je, fait partie de notre ADN. Nous sommes nés du verbe mais avons grandi avec le livre. Être Morfals c’est aussi être papivore, aimer les livres, oui, mais aussi les librairies où se croisent les envies ou les bibliothèques qui conservent la rareté des éditions, les « introuvables », les « indésirables », les « épuisés » et autres « non disponibles » qui ne correspondent pas aux critères de l’industrie actuelle. Et que dire des clubs où les lectures s’échangent et se commentent ? Des salons, Grands Voyageurs, Gourmands ? Des marchés où la poésie se met au vert et s’achète comme les oranges bleues ou les citrons ramiers ?
Tout cela est largement inutile et nos éditions le seront aussi. Nous ne participerons pas à cette compétition marketing où la place de nos ouvrages dans le linéaire de vos supermarchés, où l’essorage pratiqué par Amazon sur les éditeurs indépendants, où le « modèle économique de notre entreprise » nous pousseraient à publier ce qui se vend. Rimbaud ne vendit aucun exemplaire de « Une saison en enfer », il en distribua quelques-uns et pissa sur les autres. Il n’en reste pas moins Rimbaud.
Nos éditions sont et seront toujours imprimées en tout petit nombre, de 50 à 100 exemplaires, parce qu’il ne s’agit pas d’un commerce mais d’une trace, une empreinte, une envie. Nos livres sont pour nous, infatigables lecteurs, mon semblable, mon frère.
à (re)découvrir
Si ce n'est la musique
Depuis plus de 30 ans, Mario Bonny participe à des projets musicaux. Musicien, compositeur pour des groupes comme « Hystérèse », « No Name » ou encore « TEBB », il a aussi composé pour plusieurs chanteurs ou chanteuses comme Pierrette Dufaux ou Yvain dit « Monsieur ».
Multi instrumentistes, il a déjà enregistré plusieurs CD instrumentaux dont « Gardiens d’Océan », en collaboration avec Erdal Kizilcay et « Oriam » (Volume 1 et 2) qui reflètent le travail qu’il mène avec son groupe instrumental éponyme.
Il développe aujourd’hui plusieurs projets avec Ibro Coulibaly, percussionniste spécialisé dans les percussions africaines.
Depuis 2018, il coordonne les activités de l’Association Musicale de Salins dans le Jura.
« Si ce n’est la musique » est son premier single comme interprète.
Si ce n'est la musique
Depuis plus de 30 ans, Mario Bonny participe à des projets musicaux. Musicien, compositeur pour des groupes comme « Hystérèse », « No Name » ou encore « TEBB », il a aussi composé pour plusieurs chanteurs ou chanteuses comme Pierrette Dufaux ou Yvain dit « Monsieur ».
Multi instrumentistes, il a déjà enregistré plusieurs CD instrumentaux dont « Gardiens d’Océan », en collaboration avec Erdal Kizilcay et « Oriam » (Volume 1 et 2) qui reflètent le travail qu’il mène avec son groupe instrumental éponyme.
Il développe aujourd’hui plusieurs projets avec Ibro Coulibaly, percussionniste spécialisé dans les percussions africaines.
Depuis 2018, il coordonne les activités de l’Association Musicale de Salins dans le Jura.
« Si ce n’est la musique » est son premier single comme interprète.
Orphée
Orphée est une histoire banale, celle d’un homme qui s’accroche à ses phantasmes d’amour comme Sganarelle à ses gages. Égoïste, autocentré, ou perdu dans ses rêves, qu’importe. Il est dans une réalité qui n’appartient qu’à lui. Il aurait dû rester célibataire, il s’est marié. Sa femme le quitte, bien sûr, pour vivre et n’être plus cet objet d’écriture, sa muse.
Orphée n’est qu’un homme. Comment pourrait-il supporter cet abandon ? Il ira en enfer pour la retrouver, dans ce monde étranger où il devra l’écouter.
Des lents élans
Le premier tanka que j’ai lu, ou pour être exact, celui dont je me souviens comme le premier, est celui-ci :
Le voyage de mon seigneur
dure depuis longtemps
le cherchant dans la montagne
irai-je à sa rencontre ?
ou me tiendrai-je dans l’attente ?
Il était au début de l’anthologie de la poésie japonaise classique (traduction de M. G. Renondeau – éditions Gallimard – 1978) et attribué à la Princesse Iwa, femme du 16ème empereur du Japon, Nintoku et descendante de l’empereur Kōgen.
Ce poème n’était pas daté mais sa composition, a priori, remontait à la fin du IVème siècle soit, chez nous, le début de la chute de l’empire romain (occidental) et de la décadence. En aparté, je suis toujours étonné des écarts culturels entre les civilisations lorsque l’on compare les époques, même si, souvent, il s’agit de phénomènes cycliques, révolutionnaires pourrais-je écrire. Ceci étant, et peut-être était-ce un effet de la traduction, je ne sais pas, ce poème m’arrêta. Je n’ai pas d’autre verbe sous le clavier. Et mon esprit s’engouffra dans l’immensité des paysages montagneux et du voyage proposé. J’étais cette princesse indécise entre le mouvement et l’immobilité, l’attente et l’anticipation.
Depuis, lorsque le besoin de méditer me travaille, que je souhaite prendre un peu de recul et quitter un tant soit peu l’agitation du quotidien, je ne sais comment, je me retrouve à écrire ces courts poèmes. Ils me reposent.
Valérie, lorsque nous avons réfléchi à la forme que nous souhaitions donner à ce livre, m’a proposé d’accompagner ces « chants courts » (traduction littérale du mot « tanka ») par des Quarts Carrés intégrants le principe des mandalas puisque tankas et mandalas viennent de la même tradition bouddhique et recherchent l’un et l’autre l’équilibre Zen.
(Extrait de la préface)
Édition illustrée par Valérie Lamarre (visiter son site).
Des lents elans
Le premier tanka que j’ai lu, ou pour être exact, celui dont je me souviens comme le premier, est celui-ci :
Le voyage de mon seigneur
dure depuis longtemps
le cherchant dans la montagne
irai-je à sa rencontre ?
ou me tiendrai-je dans l’attente ?
Il était au début de l’anthologie de la poésie japonaise classique (traduction de M. G. Renondeau – éditions Gallimard – 1978) et attribué à la Princesse Iwa, femme du 16ème empereur du Japon, Nintoku et descendante de l’empereur Kōgen.
Ce poème n’était pas daté mais sa composition, a priori, remontait à la fin du IVème siècle soit, chez nous, le début de la chute de l’empire romain (occidental) et de la décadence. En aparté, je suis toujours étonné des écarts culturels entre les civilisations lorsque l’on compare les époques, même si, souvent, il s’agit de phénomènes cycliques, révolutionnaires pourrais-je écrire. Ceci étant, et peut-être était-ce un effet de la traduction, je ne sais pas, ce poème m’arrêta. Je n’ai pas d’autre verbe sous le clavier. Et mon esprit s’engouffra dans l’immensité des paysages montagneux et du voyage proposé. J’étais cette princesse indécise entre le mouvement et l’immobilité, l’attente et l’anticipation.
Depuis, lorsque le besoin de méditer me travaille, que je souhaite prendre un peu de recul et quitter un tant soit peu l’agitation du quotidien, je ne sais comment, je me retrouve à écrire ces courts poèmes. Ils me reposent.
Valérie, lorsque nous avons réfléchi à la forme que nous souhaitions donner à ce livre, m’a proposé d’accompagner ces « chants courts » (traduction littérale du mot « tanka ») par des Quarts Carrés intégrants le principe des mandalas puisque tankas et mandalas viennent de la même tradition bouddhique et recherchent l’un et l’autre l’équilibre Zen.
(Extrait de la préface)
Édition illustrée par Valérie Lamarre (visiter son site).